mardi 31 décembre 2013

Sujet de courroux (coucou !)

Voici un commentaire sur cet outil extraordinaire qu'est Face Book qui déclenche cet article.

Mon ami, Jean-Yves ROUSSEL, chef d'une entreprise de services écrit ceci :

« J'ai passé hier mes deux dernières commandes de 2013. Une porte sur du matériel informatique très particulier chez un fournisseur en Belgique, l'autre sur du produit standard chez un fournisseur qui est à Gemenos (à côté de Marseille). A ma grande surprise j'ai reçu une livraison ce matin. Bravo KSL, bravo les belges mais j'aurais dû m'en douter car il était bien précisé sur le site du français qu'ils étaient fermés du 24/12 au 03/01 ...
Et vous voulez que la France s'en sorte ???
Et pépère au lieu de se glorifier de libérer les otages, il ne ferait pas mieux de libérer les entreprises peut-être ???

Allez, bon bout d'an à tous !!! »

J'avoue que ce n'est pas Jean-Yves que je veux stigmatiser en réagissant plus largement, mais l'idée qu'on veut que nous nous fassions d'une société moderne.

Outre l'amalgame entre les otages et la soi-disant libération des entreprises que je trouve douteux, j'y vois un signe de changement de société arrivé à sa destination: le cerveau du grand public. Et Jean-Yves, n'est malheureusement pas un cas isolé, il est révélateur de ce que la récupération politique peut faire à une époque ou les informations circulent de plus en plus vite, et les professionnels de la communication sont de plus en plus performants dans le ciblage et le choix des mots.

La communication c'est ça :

Quand j'ai entendu la première fois que certains voulaient réhabiliter la valeur « Travail », j'ai pensé que le but était d'en donner à tout le monde.

Comme dans l'excellent ouvrage visionnaire de George ORWELL « 1984 » c'est le sens des mots qui est en train d'être changé. Quand on change le sens des mots, on change la manière de penser, c'est le niveau 1 de la manipulation.

Nous avons donc entendu les slogans « Travailler plus pour gagner plus », libérer les entreprises » « Trop de charges sociales » etc...

Mais des mots et leurs notions ont disparu. Des mots tels que « Vivre », Bonheur », « Famille », ont été remplacés par « Argent », « Travailler », « Flexibilité », « Agilité », « Mobilité ».

Pour en revenir au commentaire de mon ami Jean-Yves, cette manipulation a si bien fait son chemin, que personne ne se demande pourquoi une entreprise est fermée durant les fêtes de fin d'année.

Lorsque j'ai commencé à travailler il y a longtemps maintenant, l'entreprise qui m'employait était fermée dans cette période, et pas un Jean-Yves pour s'en plaindre. Etions-nous pour autant en congés ? NON ! C'était la période des inventaires et nous étions dans les entrepôts, perchés sur des échelles à compter les paires de chaussures de sécurité, les gants et les casques qui restaient en stock.

La période n'était pas choisie au hasard, elle suivait celle que les clients choisissaient pour prendre du repos bien mérité.

Si dans « libérer les entreprises » mon ami Jean-Yves entend obliger les gens à ouvrir leurs magasins 365 jours par an au cas où il aurait besoin de quelque chose à un instant « T », je lui dirai que ce n'est pas de libération qu'il est question, mais au contraire d'aliénation, d'atteinte à la liberté de prendre des congés comme bon nous semble parce qu'un client égoïste veut tout et tout de suite.

Vous voyez que ce mot « Libération, libérer » a maintenant changé de sens. Il de permet plus, il contraint ! La liberté qui contraint, c'est ça une société moderne ?

Si « Libérer les entreprises » c'est permettre à des patrons de pouvoir, comme dans le pays duquel je vous écris ce matin, mettre en place des contrats 0h , c'est à dire des contrats qui permettent au chef d'entreprise de lui dire la veille pour le lendemain si il doit venir travailler, et le matin à quelle heure il aura fini sa journée, (pour des salaires qui ne permettent même pas de payer un loyer) au nom de l'agilité et de la flexibilité, je dis que cette liberté de l'un introduit le retour de l'esclavagisme.

On a mis dans la tête des gens que les Français ne travaillaient pas assez! Je dois avouer que je suis admiratif de la capacité qu'ont les politiques à prendre les gens pour des cons !

Pas une étude de droite, de gauche, déclenchée par un gouvernement de droite ou de gauche ne montre que les français ne sont pas à 35 heures par semaine, mais à 41,5, avec la 2éme productivité en Europe et 5ème au monde, et pourtant de SARKOZY à HOLLANDE et d'autres encore nous mentent effrontément en assénant des contre-vérités sur le réduction du temps de travail coupable de tous les maux.

Dans une société où certains sont privés d'emploi et d'autres y passent tellement de temps que cela se fait au détriment de la vie de famille, pourquoi vouloir nier au gens le droit aux vacances ?

Je pensais que la volonté était d'effacer « LIBERTE, EGALITE, FRATERNITE » et de les remplacer par « TRAVAIL, FAMILLE, PATRIE », mais même pas, puisque dans cette frénésie de libération des entreprises, il conviendrait de supprimer le repos dominical, seul jours pour se retrouver en famille autour d'un repas !

Voilà la question que je pose à tous les « Jean-Yves » qui veulent libérer les entreprises pour que la France s'en sorte.
Pour être moderne, la société de 2014 doit elle revenir aux règles de 1850 ?



Je formule le voeu que vous redonniez leurs sens aux mots avant que les dictionnaires ne valident définitivement ceux que certains veulent leur donner.

Bonne année 2014

Debout ! Les damnés de la terre !