mercredi 29 mai 2013

Même les enfants se suicident ! José , relève toi, ils sont devenus fous !




J’ai appris avec tristesse le suicide d’une élève à l’Ecole LACORDAIRE, mon école.
Hier soir, je parlais des rythmes imposés aux enfants.
Dès le plus jeune âge, on leur inculque que seul le résultat compte.
Fut un temps on formait de la chair à canon pour partir en guerre coloniser les contrées lointaines.
Aujourd’hui, on prend des citrons que l’on presse, à l’école, puis qui seront pressés dans les entreprises au bénéfice des actionnaires du CAC 40.
La pression du résultat, elle est sur les établissements qui doivent avoir de bons taux de réussite aux examens, elle redescend donc vers des enfants, que l’on pousse ou que l’on jette.
Les peurs sont nombreuses : peur des parents pour l’avenir des enfants, peur du système éducatif pour les résultats et la réputation de l’école, peur des enfants d’être en phase avec toutes ces peurs.

Nous nous interrogeons sur le monde que nous allons laisser aux générations futures. Mais dans quel monde les faisons nous grandir ?

Déjà de mon temps (ça fait vieux con, mais j’assume), on nous disait que de bons résultats nous mettraient à l’abri dans notre vie d’adulte. Nous savons que c’était faux.

Que montrons-nous à ces générations ? Pourquoi continuons-nous à leur mentir ?
Personne n’est ou ne sera à l’abri.

Ils n’auront pas de contrat de travail avant 26 ans. D’ici là, pour ne pas gonfler les rangs des inscrits à Pôle Emploi, ils seront étudiants, puis stagiaires exploités par des entreprises qui auront de la main d’œuvre bon marché.

On leur imposera de travailler 45 ans, mais sans entreprise pour les embaucher une fois devenus quinquagénaire.

Dans quel monde vit-on ?

Je connais le directeur de l’Ecole Lacordaire, nous avons été en classe ensemble. Je sais qu’il doit être effondré !
La première réflexion qui m’a traversé l’esprit a été : José relève-toi, ils sont devenus fous !
Que manque-t-il à Pierre-Jean pour que ce genre de chose n’arrive pas dans notre école ?

Que faisais-tu toi pour nous donner envie de lutter ? Car quelqu'un qui lutte ne se suicide pas !

Mais au fond, aurais-tu évité ça ?
Aurais-tu évité que des enfants disjonctent ? 
Aurais-tu mieux vu, à l’heure des réseaux sociaux et du tout virtuel, le mal être de tes élèves ?
Aurais-tu gardé le contact avec des gamins dans la cour de l’école, le soir ?
Comment aurais-tu géré  1000 enfants aux yeux rivés sur leurs smartphones ?

On ne le saura jamais, tu nous as quittés avant.

Mes pensées vont aux élèves de LACORDAIRE, aux enseignants, aux anciens, à Pierre-jean COLLOMB, le directeur.

Il faut repenser le projet éducatif, on ne peut pas mettre sur le marché du travail des individus usés par une société qui presse les gens comme des agrumes.

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