jeudi 31 janvier 2013

Lettre ouverte à Christine BOUTIN




Madame,
Nous sommes rencontrés deux fois, et ce fut chaque fois avec grand plaisir de ma part.
Vous êtes une femme de convictions, et ce n’est pas critiquable.
Les réseaux sociaux débordent de critiques frisant l’insulte à votre égard. J’aurais des critiques identiques concernant les slogans de vos manifestations.  Je ne le cautionne pas.
Lors de notre dernière rencontre autour d’un café, alors que je n’avais aucune opinion sur ce sujet, je vous ai demandé de me convaincre.
Vous m’avez répondu en vous appuyant sur le code civil que vous connaissez mieux que moi.
Depuis, j’ai rencontré des militants de votre cause, et, loin de me rallier à la vôtre, ils ont, par leurs arguments fait naître en moi la conviction que le droit au mariage devait être donné à chacun.

Je répondrai, Madame,  avec vos arguments.
Lorsque vous dites que le code civil ne prévoit pas l’amour, c’est exact. Faux en 2013, mais exact.
Rappelons que le législateur discute et vote des lois pour élargir la liberté de chacun, même si pour se faire, il doit restreindre celle de quelques autres.
Les repères et les besoins sont ceux de la société du moment dans un contexte économique, social, environnemental et sociétal.
Nous parlons en l’occurrence d’un code faisant force de loi depuis 1804, déjà fortement amendé.
A l’époque le mariage ne concernait pas que des gens qui s’aimaient. Le mariage était un contrat qui scellait des unions arrangées en vue de conserver, transmettre ou agrandir un patrimoine. On unissait des familles plus que des individus. C’est pourquoi les époux se devaient fidélité, assistance pour ne pas que des désunions divisent des biens, éclatent des terres etc… D’ailleurs, le mariage de 1804 permettait l’union entre cousins pas trop proches
Ne pas réformer le mariage de 1804 aujourd’hui, légitime parfaitement le mariage blanc, qui, lui, en accord avec la loi, ne parle pas d’amour,  mais d’intérêts divers tels que : naturalisation, prestations sociales etc….
Réformer le mariage de 1804 élargit les droits de certains sans limiter celui d’autres.
Lors de notre discussion, je vous parlais de mes craintes de ne pas cadrer la PMA dans la loi. Force est de constater que j’avais raison.
La circulaire de Madame TAUBIRA facilitant la naturalisation des enfants nés à l’étranger de mères porteuses, organise le marché noir de l’enfant.
D’ici quelques mois, il va y avoir dans les pays les plus pauvres de l’Europe des milliers de ventres à louer et une exploitation de la misère que votre opposition aura encouragée.
Il y a urgence à organiser et encadrer la PMA en France
Sur vos convictions religieuses, sachez que je les respecte, comme toutes les convictions religieuses.
Je réfute donc l’argument de la tradition chrétienne de notre pays. La tradition, c’est celle d’un peuple à un instant donné. Chrétienne certainement hier, je ne sais pas pour aujourd’hui et demain.
Pour conclure, Madame, j’ajouterai que les clôtures ne doivent plus avoir la hauteur d’un gendarme à cheval, qu’une préfecture n’est plus éloignée depuis longtemps d’une journée à cheval au maximum.
Les femmes peuvent travailler et avoir un compte en banque sans autorisation de leurs maris, c’était au 20ème siècle. Donnons le droit à TOUS ceux qui s’aiment de se marier et avoir des enfants.
 Le 21ème siècle sera celui dans lequel l’amour sera entré dans le code civil. Il ne restera plus au législateur de trouver un instrument qui pèse celui-ci.
Notre désaccord n’empêche pas que ce sera avec le plus grand plaisir que je boirai de nouveau un café avec vous si l’occasion se présente, comme au SalonsCE de Paris les 5,6 et 7 Février prochains au CNIT la Défense.
A très bientôt
Jacques LAMBERT



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